Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien! Mon dernier article cinéma remonte déjà au 11 juin et le brouillon de ce post date du 20 juin. Que s'est-il passé depuis? Qu'est-ce qui explique ce long arrêt dans mon écriture de critiques? Et bien tout simplement la vie. J'ai passé beaucoup de temps à Paris et donc j'ai enchainé aussi bien les rendez-vous que les séances en salles obscures.
J'ai été tellement occupée que je n'ai pas réussi à trouver le temps pour me consacrer à faire des recherches et développer sous forme de phrases mon avis sur cinq films qui m'ont plu récemment. Aujourd'hui, vous l'aurez compris, est venu le moment d'enfin partager mes recommandations cinématographiques avec vous.
Playlist de Nine Antico (2021).
Playlist est le premier long-métrage de Nine Antico, connue jusqu'à maintenant comme autrice de bandes-dessinées.
Si elle s’est intéressée au cinéma dès son plus jeune âge et a même étudié durant un an en fac de cinéma, Nine Antico n'avait encore jamais eu l'occasion de passer derrière la caméra. C'est, contactée par le producteur Thomas Verhaeghe qui souhaitait adapter son ouvrage Girls don’t cry en 2010, qu'elle a enfin franchi une nouvelle étape dans sa carrière.
Le choix de tourner en noir et blanc était une évidence pour la réalisatrice. En effet, elle avait la volonté de ne pas ancrer son film dans l'actualité préférant rendre son histoire intemporelle. Ainsi, par le biais du noir et blanc, une image et un stylisme volontairement rétro, les aventures du personnage principal sont antidatées. D'autre part, marquée par des des films comme Frances Ha de Noah Baumbach, Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur, ou certains Woody Allen, la cinéaste désirait se focaliser en particulier sur le cadre et les contrastes.
Pour ma part, je suis allée voir ce film sans savoir qui était la réalisatrice. Plusieurs raisons ont attisé ma curiosité cependant. Premièrement : l'affiche, avec cette image forte, ces écritures roses et ce titre. Ensuite, le casting composé de personnalités qu'on ne voit pas assez souvent selon moi. Sara Forestier en première ligne, actrice qui m'avait bouleversée dans son film M sorti en 2017 et Laetitia Dosch que j'avais découverte dans Jeune Femme de Léonor Seraille (deux films dont je vous avais parlé dans un article cinéma de novembre 2017).
Satisfaite je fus en sortant de la salle obscure suite à la vision de Playlist puisqu'en effet : j'ai passé un fort agréable moment. J'ai beaucoup ri et je suis notamment tombée sous le charme de Pierre Lottin que j'avais déjà vu dans Grâce à Dieu de François Ozon en 2019 mais qui m'a particulièrement marqué ici avec sa prestation tout en nonchalance.
Par ailleurs, j'ai énormément apprécié le ton utilisé pour parler de thèmes abordés des millions de fois auparavant comme l'amour, l'amitié et le travail. Effectivement dans Playlist, il y a une certaine liberté décomplexée. Les femmes ne s'excusent pas, elles vivent comme bon leur semble et ne craignent pas de montrer leurs émotions ou d'exposer leurs idées. Elles ont de la répartie, peuvent être agressives comme douces.
Enfin, c'est encore assez inédit au cinéma de parler de l'art de la bande-dessinée et j'ai trouvé que Nine Antico, à travers son scénario, en faisait un portrait honorable.
Anecdote : Nine Antico appréhendait la direction d’acteurs alors elle s'est faite aidée de son amie et cinéaste, Dorothée Sebbagh pour le casting de Playlist. Le choix de Sara Forestier a été une évidence : « Sara possède justement un rapport au corps qui n’est pas commun dans le cinéma français, elle peut aller loin, se transformer, elle ne fait pas dans la coquetterie ! » Quant à Laetitia Dosch, c’est après qu’elle a commenté un post Instagram de Nine Antico que celle-ci a pensé à la comédienne : « elle aimait beaucoup Maléfiques, une série de dessins que j’avais faite pour LeMonde.fr. Ça a fait tilt. Je lui ai proposé le film, Sara et Laetitia avaient très envie de tourner ensemble et je me suis dit : "Voilà un duo d’actrices que j’aurais envie de voir à l’écran" ».
Si le temps d'un film (Portrait de le jeune fille en feu), Céline Sciamma a décidé de s'intéresser à une histoire entre deux femmes adultes, la cinéaste n'avait jusqu'alors réalisé que des oeuvres où elle explorait le thème de l'enfance dans Tomboy (2011) ou encore de l'adolescence avec Naissance des pieuvres (2007) et Bandes de filles (2014). Même en tant que scénariste pour le long-métrage d'animation Ma vie de Courgette de Claude Barras (2015), les personnages principaux étaient des enfants.
Ce retour à son sujet de prédilection n'était toutefois pas prévu d'avance. En effet, c'est en écrivant Portrait de la jeune fille en feu que l'idée de Petite maman lui est venue tout simplement comme une évidence. Pour elle il lui semble vital de s'intéresser aux enfants et de les inclure dans des récits puisqu'en effet les nouvelles générations ont vécu et ont été témoins de nombreux évènements importants que ce soit les attentats, les différentes de #MeToo et le Covid-19.
Avec le projet de Petite maman, Céline Sciamma explore l'amitié inédite entre une fille et sa mère enfant. Bien que le scénario soit écrit autour d'un élément majeur de science-fiction, le film ressemble plutôt à une comédie dramatique française qui propose un double voyage à la fois dans le temps et dans l'intime.
S'apparentant à un exercice de style étonnant, ce dernier long-métrage est un contre-pied radical avec Portrait de la jeune fille en feu, film historique qui l'a fait connaître dans le monde entier grâce à son prix pour le meilleur scénario à Cannes en 2019. C'est donc plutôt déroutant en tant que spectateur et en même temps on retrouve tout ce qui fait la signature de Sciamma. De la mise-en-scène en passant par la photographie, on sent qu'elle maitrise son sujet et qu'aucune décision n'a été prise au hasard.
Le tournage en studio a justement permis une totale liberté à la réalisatrice et à son équipe d'imaginer dans les moindres détails le décor où se situerait l'action. Ainsi, avec sa cheffe-opératrice Claire Mathon elles ont mené leur réflexion jusqu'aux moquettes, à la taille des fenêtres et aux papiers peints. Dans cette même optique, il n'y a pas de sensation d'époque et le film n'est pas situé dans un temps précis afin que n'importe quel enfant puisse s'y projeter.
L'envie de Céline Sciamma était de créer une expérience à égalité entre les adultes et les enfants en offrant les mêmes opportunités d’implication et de sensations pour les spectateurs de tout âge. Un terrain de jeu commun en quelque sorte, comme pour les deux héroïnes. Si je salue son courage d'avoir tenté un tel exploit, je dois reconnaître que j'imagine mal ce film être vu par tout un chacun.
L'autre "soucis" qui s'est posé à moi en visualisant Petite maman, c'est sa durée. Pour ma part, je n'ai aucun problème avec les films lents toutefois j'avoue avoir un peu de mal à comprendre le choix du long-métrage. Peut-être qu'en court-métrage, il n'aurait pas été possible d'exploiter assez le sujet je ne sais pas... Le film ne dure d'ailleurs qu'1h12 ce qui est assez rare comme format.
D'autre part, je n'ai pas été totalement convaincue par les dialogues qui m'ont semblé pour la plupart assez plats et notamment du rapport entre le père et sa fille qui ne m'a paru pas très naturel.
Ce que j'ai beaucoup aimé par contre c'est le choix des actrices. En prenant deux jumelles pour jouer les rôles principaux, la réalisatrice ajoute de l'étrangeté à son film et pendant un moment je me suis d'ailleurs demandé s'il s'agissait d'effets spéciaux.
En résumé : malgré quelques défauts, j'admire la manière non-conventionnelle de Céline Sciamma de partir d'une histoire simple pour en faire une réflexion philosophique et poétique autour du deuil et de la maternité. Petite maman est une oeuvre qui mérite le détour pour sa maturité et sa douceur.
À l’origine, Ray Yeung a eu l'idée de ce film après avoir lu "Oral history of older gay men in Hong Kong" ("Histoire orale des gays âgés à Hong Kong") écrit par le professeur Travis S.K. Kong. Il s'agit en fait à la base d'un document oral de douze interviews d'hommes âgés entre 60 et 70 ans dont la plupart sont encore "dans le placard". Le réalisateur y a trouvé des histoires extrêmement intéressantes et surtout des histoires qui n'avaient encore jamais été montrées au cinéma. Suite à cela, le réalisateur a commencé par demander à l'auteur de lui présenter quelques-uns de ses témoins et les échanges ont commencé. C'est donc en s'inspirant d'eux que le scénario est né.
Ray Yeung voulait qu'Un Printemps à Hong Kong soit fidèle à l’esprit du livre dont il est inspiré, c'est à dire construit à la façon d’une chronique qui met en valeur les existences ordinaires des deux protagonistes. Ainsi, leur quotidien est décrit en détail et on observe comment leur routine s'interrompt petit à petit, au fur et à mesure à l'évolution de leur relation. Les changements émotionnels sont subtils et l’atmosphère paisible et c'est sûrement cela qui m'a le plus touchée. Tout coule comme un léger filet d'eau qui essaye de se frayer un chemin.
Tourné dans le quartier appelé Kowloon City qui est très différent de ce qu'on voit habituellement de Hong Kong (ses centres commerciaux de luxe et ses hôtels très chers), tous les lieux sont représentatifs de la classe ouvrière dont font partie les personnages principaux. Ils sont deux hommes ordinaires, qu'on pourrait croiser tous les jours et dont on ne pourrait jamais imaginer qu'ils soient homosexuels. Sachant que le film est aussi une romance, le défi était de montrer la réalité de ces lieux urbains tout en y infusant du beau et de la poésie.
La partie la plus complexe a été de trouver des comédiens pour incarner ces personnages qui ont autour de 70 ans, et surtout d’en trouver qui acceptaient d’interpréter un personnage gay. Ray Yeung a rencontré une centaine d’acteurs et, au bout d'un an de recherche, il a fini par trouvé et convaincre Tai Bo et Ben Yuen d’interpréter ces rôles.
Afin d'être le plus proche possible de la réalité, le cinéaste s'est inspiré des témoignages des livres mais a aussi visité les appartements de certains des témoins avec son chef décorateur. En les observant eux et les objets qui constituaient leurs intérieurs, la façon dont ils parlaient et les photographies qu'ils collectionnaient, cela les a nourri pour le visuel du film. Alors que la plupart de ces hommes cachaient leur homosexualité mais, une fois qu’ils commençaient à parler de leur vie, ils devenaient très libres et leur mémoire très vive. "Comme ils avaient gardé tout cela secret pendant tant d’années, une fois les portes ouvertes, ils ne pouvaient plus s’arrêter" raconte le réalisateur.
Ce qui m'a énormément plu dans Un printemps à Hong Kong c'est la manière si délicate de Ray Yeung filme ses personnages. On sent toute la compassion qu'il a pour eux eux sans qu'il n'y ait jamais de doute sur ses motivations à les mettre en scène. Avec ce film, il nous montre qu'aujourd'hui encore la relation entre deux hommes n'est pas encore considérée comme Amour mais comme situation inédite et non conventionnelle d'autant plus lorsqu'il s'agit d'hommes d'un certain âge.
Je n'ai aucun défaut à relever par rapport à ce film pour tout avouer. Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai éprouvé beaucoup de tendresse et de solidarité pour ce couple. Je ne peux donc que vivement vous le recommander et en parler autour de vous pour que les mentalités changent.
Voici donc pour ce nouvel article cinéma qui, je l'espère, vous aura plu! Je vous retrouve très vite avec un nouvel article (sûrement concernant la mode nous verrons...). Sur ces mots, je vous laisse pour vaquer à mes occupations.
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