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vendredi 11 juin 2021

Cinema | Recommandations cinématographiques #24

Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien! Je suis extrêmement heureuse de vous annoncer qu'aujourd'hui je vais pouvoir enfin vous parler de films ACTUELLEMENT EN SALLES dans les cinémas qui sont désormais ouverts après 6 mois de fermeture (je l'ai écrit en majuscules parce que j'ai encore du mal à y croire).    

19/05/21 : Mandibules de Quentin Dupieux.

J'aimerais d'abord commencer en disant que Mandibules est le premier film que j'ai vu de retour en salles. Forcément, dans ce contexte, il restera marqué dans mes souvenirs cinématographiques étant donné que c'est le premier film que j'ai vu au cinéma en 2021 tout simplement. La date du 19 mai aussi, marquera cette année qui, je l'espère, sera riche et belle.

Je vous ai déjà parlé précédemment de Quentin Dupieux sur le blog. En effet, la première fois c'était pour vous donner mon avis sur son film Au poste (2018), la deuxième pour Steak (2007) et la troisième pour Le Daim (2019). Je n'ai pas encore tout vu du cinéaste français mais je dois dire que je suis plutôt sensible à son univers et son humour surtout. 

Dupieux revient donc avec Mandibules un peu moins de deux ans après son dernier long-métrage (Le Daim). De nouveau, l'affiche et la bande-annonce (que je n'avais pas vu pour ma part) intriguent et donnent envie de découvrir cette nouvelle idée, cette nouvelle histoire. Ici, il s'agit de raconter celle de Manu et Jean-Gab, deux amis simples d'esprit qui trouvent une mouche géante coincée dans le coffre d'une voiture qu'ils ont volé. Sur leur route ils vont croiser d'autres personnages tout aussi originaux qu'eux et on va les suivre au plus près pendant moins d'une heure vingt. 

Parlons-en de la durée du film justement! Si vous me connaissez un peu ou que vous lisez mes critiques cinéma, vous savez sûrement que j'adore les films courts (soit d'une durée d'une heure quarante maximum). Non pas parce que je m'ennuie ou que j'ai du mal à me concentrer quand ils sont plus longs mais tout simplement parce que j'ai une grande admiration pour les réalisateurs capables de nous plonger dans leur univers en si peu de temps. Quentin Dupieux fait justement partie de cette catégorie de cinéastes aptes à relater des récits concis et efficaces. 

D'autre part, qu'on accroche ou non à son approche du cinéma, sa manière d'écrire un scénario et sa façon de mettre en scène, il est impossible de nier le fait que ses oeuvres ne laissent pas indifférent. Du choix des costumes, en passant par la musique, jusqu'aux dialogues : Dupieux joue avec les codes, se moque des règles et n'en fait qu'à sa tête.

Bien que je n'ai pas encore vu l'intégralité de sa filmographie, j'ai déjà remarqué une évolution dans sa démarche artistique et un style qui s'affine de plus en plus. Mandibules est, de tout les films que j'ai vu de lui, celui que j'ai préféré. D'un scénario basique, le réalisateur arrive à provoquer des émotions diverses (beaucoup de rires surtout) et nous montre sans pudeur son amour pour les personnages qu'il invente et par la même les acteurs qu'ils dirigent. 

La fin est, à mon humble avis, l'apogée de l'ensemble (sans oublier le check taureau aussi - comprendrons ceux qui ont vu le film -). Elle ne laisse pas un goût amer, bien au contraire qui fait qu'on sort de la salle avec la sensation d'avoir dépensé son temps utilement! 

Décalée, loufoque et maitrisée, Mandibules est une comédie de la meilleure des espèces qui parle d'amitié avant tout (j'ai adoré le discours final comme une déclaration entre les deux potes) et célèbre, avec style, le rêve et l'absurde. 

Film qui devait initialement sortir en décembre, ce neuvième long-métrage va selon moi, grandement bénéficier de cette sortie printanière de par sa légèreté et sa folie. À tous les curieux et aux avides d'un cinéma différent, Mandibules est pour vous!

Anecdote : Quand les lumières se sont éteintes avant le film, tout le monde a applaudit dans la salle. C'était un sentiment très émouvant que de se retrouver de nouveau avec autant d'inconnus dans un même lieu pour assister, ensemble, à un évènement culturel. 
20/05/21 : Garçon chiffon de Nicolas Maury.

Comme j'attendais de découvrir ce premier long-métrage et comme j'étais triste pour Nicolas Maury qui s'est vu fermer les portes des cinémas un jour après la sortie de son bébé. J'étais donc vraiment soulagée que le film soit sorti de nouveau pour cette réouverture des salles et je n'ai pas tardé longtemps avant d'aller le voir.

Inspiré par une passion dévorante qu'il a vécu adolescent, Nicolas Maury signe avec Garçon chiffon une comédie dramatique des plus plaisantes où la jalousie envahissante du personnage principal qu'il interprète se retrouve au coeur d'une histoire d'amour tragique.

Le choix de jouer lui-même le rôle titre de son film n'était pas voulu dans un premier temps. Cependant après avoir envisagé beaucoup d'acteurs pour incarner Jérémie, aucun ne semblait convenir à ce qu'il recherchait. Il explique : “En fait, mes hésitations masquaient un désir un peu honteux et prétentieux. Il fallait que je me vois. Je voulais être regardé là où je ne suis pas regardable. À la fois comique, fantaisiste, et tragique jusqu’au pathétique puisque évidemment il y a du grotesque dans le drame”. 

Pour le rôle de la mère, c'est sur Nathalie Baye, rencontrée sur le plateau de la série Dix Pour Cent, que l'acteur-réalisateur a jeté son dévolu. Si j'avais peur qu'il y ait des ressemblances entre Garçon chiffon et les films de Xavier Dolan (Laurence Anyways et Juste la fin du monde) dans lesquels Nathalie Baye jouait déjà une mère dont le fils était homosexuel, j'ai été agréablement surprise d'assister à un autre spectacle.

En effet, Nicolas Maury a trouvé son style et c'est assez inspirant. Qu'on le déteste ou qu'on l'adore, sa personnalité unique transperce chaque plan. Il est le protagoniste, il est le cinéaste, il est le conteur d'histoire, il est Garçon chiffon.

J'ai trouvé cette oeuvre à la fois touchante et réconfortante d'un autre côté. Réconfortante parce que c'est beau de voir retranscris en images et en dialogue l'humanité sous toutes ses facettes. On se sent moins vulnérables et plus compris en regardant ce film selon moi parce qu'il n'y a pas de filtres et que Nicolas Maury se livre à nous comme s'il écrivait dans son journal intime. 

Enfin, je terminerais en disant qu'il se dégage une certaine philosophie de Garçon chiffon, soit celle qui est d'apprendre à se connaître pour ne pas négliger sa valeur et de ne pas se laisser envahir par des mauvaises ondes afin de mieux appréhender le quotidien.

C'est doux, c'est attendrissant, c'est drôle aussi, bref c'est à voir!

20/05/21 : Le dernier voyage de Romain Quirot.

De base, je n'étais pas plus pressée que ça de voir ce film. Je dois même avouer que je ne serais peut-être même pas aller le voir si je n'avais pas été accompagnée. Et quelle erreur cela aurait été! 

De cette oeuvre je ne savais rien si ce n'est que le nom de Jean Reno figurait à l'affiche et que cette affiche justement avait attiré mon regard par sa beauté. Assise dans mon siège, le film a donc commencé sans que je sache à quoi m'attendre précisément.

Au début, je grimace un peu parce qu'il y a des plans à la caméra portée et que je n'en suis pas fan (surtout dans les films français je dois l'admettre). Puis, le découpage évolue, la mise-en-scène est efficace et je plonge alors assez simplement et avec abandon dans la narration et cet univers futuriste qui m'impressionne chaque minute de plus en plus.

C'est en découvrant les effets spéciaux, les décors, les accessoires (et l'utilisation des dessins aussi) que j'ai été définitivement charmée et envahit d'un sentiment de fierté. Fierté parce qu'il s'agit d'un film français de science-fiction et qu'il a "carrément de la gueule" comme diraient certains.

Les références sont explicites, de Mad Max Fury Road de George Miller, en passant par la filmographie de Steven Spielberg ou encore celle de Luc Besson, le réalisateur nous montre qu'il a assimilé tout ce qu'il y a de mieux dans ce cinéma de divertissement et d'action et nous prouve qu'il a réussit, non pas à copier, mais à inventer sa propre signature. Le plus plaisant dans ces clins d'oeil c'est qu'ils ne sont pas là pour séduire les fans, ce sont des clins d'oeil qui seront appréciés par ceux qui les reconnaissent et qui pousseront peut-être ceux qui les connaissent pas, d'aller chercher les inspirations du cinéaste après avoir vu son film.

Autre aspect réjouissant de cette pépite ce sont tous les morceaux de musique choisis pour rythmer le récit. D'Eddy Mitchell à Kim Wilde en passant par Beyoncé, on est surpris plus d'une fois dans le bon sens et on se demande pourquoi ces titres n'avaient pas été utilisés de cette manière avant.

Par ailleurs, chapeau pour le casting composé d'acteurs sur lesquels je n'aurais pas forcément parié. Ils sont tous à la hauteur des personnages qu'on leur a attribué et nous offre ainsi des performances qui impressionnent. 

Pour son premier long-métrage, Romain Quirot ne s'est rien refusé et n'a fait pas de concessions. Le résultat c'est que la prise de risques paye et sa créativité sans limite nous encourage à rêver toujours plus grand.

En nous délivrant un cinema grand public tout en maintenant une tension palpable, le réalisateur français nous fait cadeau d'un met raffiné qu'on a bien envie de se remettre sous la dent aussitôt tester.

Bravo!

The Father de Florian Zeller

S'il y a bien un film qui était attendu par le grand public en cette rentrée cinématographique c'était, je pense pouvoir l'affirmer, celui-là. Et pourtant, il s'agit d'un premier long-métrage au sujet plutôt rébarbatif et déprimant par lequel, habituellement, on ne serait pas forcément attirés d'emblée. 

En adaptant pour le cinéma sa pièce "Le Père" créée en 2012, Florian Zeller n'avait pas pour intention de filmer simplement du théâtre mais d'apporter une toute autre dimension à son projet. Couronné du Meilleur Scénario (adaptation) à la 93ème cérémonie des Oscars qui a eu lieu le 25 avril dernier, The Father est le fruit d'une collaboration avec le scénariste Christopher Hampton à qui l'on lui doit les adaptations de Les liaisons dangereuses (1988) et Chéri (2009), deux films réalisés par Stephen Frears ainsi que Reviens-moi de Joe Wright (2007).

Le choix de la langue anglaise a aussi été mûrement réfléchi. Premièrement, le réalisateur désirait travailler avec Anthony Hopkins pour lequel il a pensé en écrivant le rôle. Deuxièmement, cela lui permettait 

The Father ce n'est pas seulement une histoire d'un homme atteint de la maladie d'Alzheimer, c'est une expérience à part entière. De par son langage, le cinéma permet justement que l'expérience soit d'autant plus immersive. En effet, on est complètement déstabilisés au niveau de la temporalité et ce, durant tout le film. La perte de repères du personnage principal nous envahit alors et on se retrouve, comme lui, complètement perturbés et troublés par les évènements.

Comme un puzzle ou une énigme qu'on voudrait résoudre, on s'acharne à essayer de comprendre, à trouver un sens à ce qui se déroule. Cet exercice est vertigineux et inatteignable étant donné qu'il n'y a ni de solutions, ni de réponses, ni de logique. Se déroulant dans un seul et même lieu qui est un immense appartement londonien, l'action est rythmée par le changement de pièces. Ainsi chaque changement, de la cuisine au salon, du salon à la chambre, provoque une désorientation totale puisque quasi systématiquement, on revit la même scène avec quelques détails qui se modifient. 

L'autre thème important au coeur du film c'est l'amour d'une fille pour son père. L'interrogation du cinéaste-scénariste c'est : que fait-on de quelqu'un qu'on aime mais qui n'est plus là? On est donc confrontés à un double point de vue. D'une part, on est avec le père la majorité du temps et de l'autre on se retrouve dans la peau de la fille qui subit, d'une autre manière, cette situation qui s'aggrave devant ses yeux au fil des jours et face à laquelle elle ne peut rien faire si ce n'est d'assister avec incompréhension et frustration.

Pour interpréter ses deux rôles forts, qui de mieux que les britanniques Anthony Hopkins et Olivia Coleman? Le choix du premier est intelligent et rusé puisqu'il est impossible de ne pas penser à toute sa carrière et à tous les personnages qu'il a interprété. On perçoit aussi bien du Hannibal Lecter que du Henry J. Wilcox (Retour à Howards End de James Ivory, 1992). Cela a évident pour effet d'apporter beaucoup d'ampleur au tout. Quant au choix d'Olivia Coleman il est génial et pertinent tout simplement parce qu'il n'y a, aujourd'hui, aucune actrice capable d'exprimer autant d'émotions par un regard, un sourire, un geste. À eux d'eux, ils nous bouleversent dans tous les sens et on ne peut être que toucher par la perfection de leur jeu. 

Film labyrinthique et cauchemardesque construit comme un thriller, The Father est loin d'être un drame anodin. Avec un sens du détail et une maitrise de la mise-en-scène fine, Florian Zeller accomplit l'exploit d'un premier long-métrage d'exception. J'ai hâte de voir la suite de sa carrière!

Anecdote : La pièce de théâtre avait déjà été adaptée au cinéma par Philippe Le Guay en 2015 sous le titre Floride avec Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain. Je ne l'ai pas encore vu mais je suis encore plus curieuse de le découvrir maintenant.

Louise en hiver de Jean-François Laguionie (2016).

Lorsque j'ai vu que le Grand Action programmait ce film, je n'ai pas hésité une seconde à changer tout mon programme pour pouvoir caler cette séance spéciale. Raté à sa sortie en salles, je n'avais jusqu'à maintenant pas encore trouvé l'occasion de le voir autrement. 

Je crois que Louise en hiver est mon GROS coup de coeur des cinq recommandations cinématographiques de cet article. Je n'avais pas vu la bande-annonce je ne savais même pas de quoi le film parlait cependant le titre m'inspirait confiance alors je me suis lancée sans savoir à quoi m'attendre précisément.

D'abord on est tout de suite éblouis par le dessin, le choix des couleurs, les perspectives et bien sûr, l'animation. Il faut savoir que le film est animé à l'aide d'une technique mixte utilisant l'animation traditionnelle en 2D combinée à des images de synthèse au rendu 2D pour donner l'effet d'une peinture animée. Personnellement j'ai trouvé que cela rendait parfaitement et du début à la fin, je n'ai cessé d'être impressionnée par le découpage et la chronologie des plans notamment.

Inspiré de son propre vécu, ce long-métrage est le plus personnel du réalisateur. Il a lui-même passé ses vacances dans des villas de bord de mer en Normandie lorsqu'il était enfant, marché au bord des falaises, s'est perdu dans les bois mystérieux. Il y a beaucoup de poésie dans ce film et on sent une certaine sincérité aussi. C'est ce qui m'a plu particulièrement. 

Par ailleurs, ce sont les thèmes abordés qui m'ont particulièrement touchée en plein coeur. Que ce soit la solitude, l'immersion dans la nature, l'attente ou bien encore la vieillesse tout m'a intéressé et plu. Au bout d'un moment, il y a un passage dans l'histoire où Louise évoque sa joie de découvrir chaque matin un nouveau spectacle quand elle se réveille. Défile alors devant nos yeux une série de plans sur des levés de soleil sur la mer tous différents les uns des autres et tous d'une beauté à couper le souffle. 

Louise en hiver est un film doux, paisible, caressant avec quelques gouttes de mélancolie et d'humour aussi. Le plus bouleversant selon moi c'est qu'il permet de nous évader totalement pendant une heure et qu'il réussit à nous plonger dans un univers hors du temps, dans un paysage aussi neutre que fluctuant. On oscille entre l'envie de vivre la même expérience que Louise, coupée du monde, sans autre compagnie qu'un chien et, de l'autre, on appréhende l'idée de se retrouver dans une telle situation, abandonné(e)s, à la merci des intempéries. 

D'autre part, j'ai été complètement transportée par la musique. Alliant des morceaux au piano interprétés par Pierre Kellner et d'une partition orchestrale composée par Pascal Le Pennec, cette bande-originale est au coeur du récit et participe entièrement à ce sentiment de délicatesse et de volupté qui se dégage de cette oeuvre.

Enfin, le seul bémol selon moi c'est la voix de Dominique Frot qui, je trouve, ne s'accordait pas forcément avec le personnage. Après cela reste subjectif et ce n'est pas du tout dérangeant.

C'était le premier film de Jean-François Laguionie que je voyais de ma vie et cela a été une incroyable et belle découverte. Maintenant j'aimerais voir Le tableau sorti en 2011 dont j'ai entendu beaucoup de bien. 


Voici pour ce nouvel article cinéma qui j'espère vous plaira! J'ai mis un peu de temps à terminer de l'écrire mais je suis contente d'avoir pris le temps pour exprimer fidèlement mon opinion. Sur ces mots, je vous abandonne pour aller me préparer avant d'aller visiter un ancien moulin.

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