.

vendredi 11 septembre 2020

Cinema | Recommandations cinématographiques #10

Bonjour, bonsoir à toutes et tous, j'espère que vous allez bien! La dernière fois que je vous parlais de cinéma sur le blog c'était le 1er juillet dernier. Entre temps j'ai vu beaucoup de films, aujourd'hui je reviens sur cinq de mes coups de coeur de la fin du mois de mai (je sais, je suis en retard).

Au programme : 1 film italien, 1 film irlandais, 1 film documentaire allemand, 1 film musical britannique et 1 film américain. 

22/05/2020 : Pinocchio de Matteo Garrone (2020).

En mai dernier je vous parlais de Tale of Tales du même réalisateur qui m'avait vraiment marquée. J'avais donc très hâte de découvrir sa vision sur l'histoire de Pinocchio! 

Ce que j'ai aimé c'est que dès les premières images on comprend qu'on est chez Garrone et pas chez un autre. En effet, on retrouve son amour pour l'imaginaire, la féérie, l'étrange. Tout l'univers qu'il crée est un véritable spectacle pour les yeux et, on ne peut, à mon humble avis, être qu'émerveillés par tant de beauté. 

De plus, non seulement le film est riche artistiquement (que ce soit la lumière, les décors, les costumes, les coiffures ou les maquillages tout est impressionnant), il réussit notamment à faire passer des messages qui s'adressent aux enfants comme aux adultes. 

Pinocchio est une oeuvre sur l'enfance et le rêve néanmoins c'est aussi et surtout un film sur la misère qui touche Gepetto comme des milliers d'autres (on pense évidemment aux voleurs qui essayent de duper l'enfant de bois).

Et parlons-en justement de Gepetto! Ici interprété par Roberto Benigni qui, 18 ans après avoir mis en scène sa propre adaption du conte, endosse le rôle du père et non plus du fils, nous bouleverse par son implication. Son jeu est simple et pourtant emplie d'une humanité des plus émouvantes et pour cela, on ne peut que lui tirer notre chapeau.

Le reste des acteurs sont eux aussi assez exceptionnels avec bien évidemment le jeune Federico Ielapi, bluffant en Pinocchio, Massimo Ceccherini détestable et drôle en Renard, et la seule française du casting  : la douce Marine Vacth en fée etc...

Ce goût du cinéaste italien pour le surnaturel peut plaire autant qu'il peut déplaire parce qu'il peut parfois être déroutant. Pour ma part c'est une satisfaction immense de voir qu'aujourd'hui encore on puisse proposer un projet aussi audacieux, imaginatif, fourmillant d'idées. 

24/05/2020 : Hunger de Steve McQueen (2008). 

Présenté en Sélection officielle au Festival de Cannes dans le cadre de la section Un Certain Regard, Hunger a remporté la Caméra d'or, décernée au Meilleur premier film, toutes sections confondues.

Le premier film que j'ai vu de Steve McQueen était son troisième 12 years a slave à sa sortie en 2013. Puis, j'ai vu Les Veuves en salles notamment en 2018 (je vous en avais d'ailleurs parlé dans un article cinéma du mois de février 2019). Les ayant apprécié tous les deux, l'envie de découvrir le reste de la cinématographie du réalisateur était présente depuis un moment. En voyant qu'Hunger était disponible sur Netflix, je me suis lancée sans savoir de quoi il s'agissait précisément.

Alors que ses autres longs-métrages prennent place aux Etats-Unis, celui-là se situe en Irlande, pays natal du cinéaste et plus précisément dans une prison de Maze en Irlande du Nord. 

Avec Hunger, Steve McQueen dépeint le terrible visage de l'incarcération et ce que cela représente véritablement d'être emprisonné dans des conditions cruelles. Ici il ne s'agit pas de montrer des prisonniers avides de liberté mais plutôt d'hommes qui ont la volonté d'être reconnus en tant qu'êtres humains. 

Dans cette optique, le film s'inscrit comme une oeuvre explorant le juste et l'injuste, la morale et l'immoralité, l'ordinaire et l'extraordinaire. L'interrogation posée par cette histoire est d'essayer de comprendre ce qui pousse un homme à s'autodétruire par conviction, sur la nécessité de telles actions et surtout sur leur légitimité. 

Ainsi, le metteur en scène n'hésite pas à être cru en nous montrant l'horreur, les atrocités endurées par ces prisonniers qui ont vraiment existé. On est plongés au coeur de leur vie quotidienne, dans leur douleur constante.

Alors que la première partie du film joue sur l'économie des dialogues et se contente de nous montrer des séquences plus violentes les unes des autres, la seconde est constituée d'un unique long dialogue entre le personnage principal et le père Moran. Cette irruption soudaine de paroles échangées entre les deux hommes tranche totalement avec ce qui nous a été présenté précédemment. Ce plan séquence de vingt minutes est non seulement une performance d'acteurs admirable, c'est aussi et surtout un vrai tournant pour le reste du récit.

Enfin, la troisième partie se concentre sur la période la plus tragique du protagoniste puisqu'elle nous expose la grève de la faim de ce dernier. Autant vous dire qu'il n'y a point de répit dans l'histoire : on n'est sans cesse confronter à des situations atroces auxquelles on préfèrerait ne pas assister.

Le spectacle est sombre, d'une froideur rude néanmoins c'est par ce non-filtre, cette exposition directe que Steve McQueen maintient notre attention du début à la fin. Son point de vue est neutre, il n'y a pas de musique pour appuyer l'émotion, aucun engagement politique ne se dégage du film et personnellement c'est ce qui m'a le plus marquée et plu.

Hunger est une oeuvre qui est difficilement oubliable. En 1h30, tout est dit. C'est à voir, absolument.

26/05/2020 : Buena Vista Social Club de Wim Wenders (1999).

Comme beaucoup de personnes, je connaissais très bien le mythique album Buena Vista Social Club mais je n'avais jamais vu le documentaire de Wim Wenders. Alors, par un après-midi estival où il faisait trop chaud pour sortir, j'ai décidé de le découvrir enfin.

Si le film est assez simple dans sa réalisation, la joie ressentie en le regardant est abondante. En effet, en suivant tour à tour les musiciens, interprètes du Buena Vista, on fait la rencontre de personnes heureuses de partager avec nous le plaisir de faire de la musique et d'en vivre. 

Émouvante et stimulante, c'est une aventure humaine d'une beauté pure à laquelle il est compliqué de rester indemne, récalcitrant.

Je pense que ce que j'ai le plus apprécié c'est justement la faculté du cinéaste de faire exister les lieux. Ce documentaire est alors un double voyage à la fois géographique et temporel et quel plaisir d'avoir cette impression d'errer dans Cuba et de ressentir son énergie.

27/05/2020 : Tommy de Ken Russell (1975).

Tommy est l'adaptation cinématographique du célèbre opéra-rock éponyme des Who sorti en 1969. Ayant mit plusieurs années avant de voir le jour, le projet se concrétise finalement en 1975.

Pour incarner le personnage principal, le choix s'est porté sur Roger Daltrey, chanteur de The Who. Et c'est justement par sa silhouette que le film commence. Ce premier plan avec le soleil et lui en contre-jour (qui est aussi le dernier plan), nous fait déjà sentir que ce à quoi on assiste est culte.

Au casting il y a aussi Keith Moon, le batteur des Who qui endosse le rôle de l'oncle pervers. John Entwistle et Pete Twonshnd quant à eux apparaissent dans leur propre rôle. On n'oubliera pas non plus le reste du casting avec des invités comme Elton John en champion de flipper, Tina Turner en Acid Queen, Jack Nicholson en docteur et Eric Clapton.

Outre les interprètes hauts en couleurs, le film est un enchainement d'inventions visuelles en tout genre, d'une créativité sans complexes et sans limite. La succession de toutes les séquences plus barrées les unes des autres font de Tommy une oeuvre psychédélique, rock et divertissante.

On ne peut être qu'interloqués, ébranlés, éblouis par cet objet cinématographique incomparable. Aussi ridicule que génial, la surprise est indéniablement au rendez-vous. Difficile de ne pas admirer l'audace du réalisateur!

Je conseille donc Tommy a tous ceux qui ne craignent pas l'euphorie et la folie des années 70. 

Anecdotes : 
1. À l'origine c'est David Bowie qui devait interpréter Acid Queen et Christopher Lee, le docteur Quakson.
2. Comme Christopher Lee tournait L'homme au pistolet d'or en Thaïlande, c'est Jack Nicholson qui, au pied levé, a tourné l'intégralité de ses scènes et enregistré ses chansons en 18h.

28/05/2020 : The Visitor de Tom McCarthy (2008). 

Je pense que si on ne m'avait pas prêter le DVD de ce film je n'en aurais peut-être jamais connu l'existence et cela aurait bien dommage! 

En effet, The Visitor est tout à fait le genre d'oeuvre cinématographique que j'adore. Premièrement, la musique est au coeur de l'histoire, deuxièmement le personnage principal est un homme solitaire qui s'ennuie (j'ai une attirance pour ce type de héros), troisièmement il s'agit de l'histoire d'une rencontre entre deux cultures différentes, de leur manière de communiquer malgré leurs différences. 

Outre ces trois points, il est notamment question d'aborder le thème de l'immigration. Là où c'est réussi c'est que plutôt que de faire un film politiquement engagé Thomas McCarthy expose simplement la dimension humaine d'un problème social majeur. 

The Visitor parle aussi du désir de se dépasser soi-même et de comment nos choix peuvent influer sur notre vie et celle des autres. 

Anecdote : Richard Jenkins qui est l'acteur principal du film fait partie de ces acteurs dont tout le monde connait le visage mais dont personne ne se souvient du nom. Il a pourtant joué chez les frères Coen dans The Barber (2001), Intolérable Cruauté (2003) et Burn After Reading (2008) et s'est fait connaître auprès du grand public avec son rôle dans la série Six pieds sous terre. Avec The Visitor, Richard Jenkins obtient son premier grand rôle au cinéma, à plus de soixante ans.



Voici donc pour cet article cinéma! J'espère que mes recommandations vont vous inspirer. Je vous retrouve dimanche avec un article musique.


2 commentaires: