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mercredi 25 août 2021

Cinema | Recommandations cinématographiques #26

Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien! Je vous le disais déjà dans mon précédent article cinéma : j'ai été très occupée dernièrement (un peu comme toujours pour tout avouer) et je suis très en retard sur mes recommandations cinématographiques.

Aujourd'hui, je suis heureuse de vous parler de cinq films pour lesquels j'ai eu des énormes coups de coeur dont deux documentaires!

La nuée de Just Philippot (2020).

La Nuée est né dans la tête du scénariste Jérôme Genevray suite à un appel à projets du CNC pour les films de genre. Son point de départ a été de se poser la question "comment arrive-t-on à arbitrer entre notre besoin de travailler pour nous accomplir et l'amour nécessaire et le temps que l'on doit à nos enfants?". C'est dans un second temps seulement que l'idée des sauterelles s'est ajoutée, sous l'influence de son partenaire d'écriture Franck Victor, qui est vegan. Ensemble, ils se sont interrogés sur l'alimentation de demain mais aussi sur l'obsession du travail et de la réussite dans notre société. 

Malgré sa dimension fantastique, il faut savoir qu'il s'agit avant tout d'un film centré sur une famille. Justement, je pense que c'est la raison principale pour laquelle il m'a totalement retournée et surprise dans le bon sens du terme. La mère (interprétée avec brio par Suliane Brahim) est un personnage féminin fort comme on n'a, malheureusement, pas assez l'habitude d'en voir sur le grand écran. Bien que cela la pousse à son propre sacrifice, sa détermination à réussir à tout prix pour donner un meilleur avenir à ses enfants est bouleversante. Il y a quelque chose de viscéralement humain dans son comportement outre-mesure : l'envie de se surpasser et surtout le besoin de protéger sa progéniture. 

À travers le surnaturel, La Nuée parle du monde d'aujourd'hui, du déséquilibre qui affecte la population et les agriculteurs en particulier. Cette héroïne qui se bat contre le système établi montre qu'il n'y a pas d'évolution dans ce milieu et que le machisme est un frein conséquent à quelconque femme voudrait s'y intéresser. Par ailleurs, ce film dénonce notamment les dégâts de la société de consommation qui est en demande constante de quantité plus que de qualité. 

Si les scénaristes confient s'être inspirés des Dents de la mer de Steven Spielberg, Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock et La Mouche de David Cronenberg, Just Philippot invente un genre nouveau avec La Nuée.  Entre drame familial horrifique et cinéma d'auteur dans la lignée de films comme Grave de Julia Ducourneau ou encore Take Shelter de Jeff Nichols, ce premier long-métrage est un véritable coup de fouet sur le paysage cinématographique français. 

Anecdote : Les insectes que l'on voit dans le film sont en réalité des criquets migrateurs. Un élevage a été spécialement créé pour le film. L’éleveur a acheté mille criquets qui ont pondu des œufs, qui sont devenus à leur tour trois ou quatre fois plus nombreux et ainsi de suite... Ces insectes, une fois adultes, ne vivent que quelques semaines. Il fallait par conséquent en avoir suffisamment pour tenir toute la durée du tournage.

Presque célèbre de Cameron Crowe (2000).

Cela faisait des années et des années que Presque célèbre était sur ma liste de films à voir. En me rendant compte qu'il était sur la plateforme Prime Video, je me suis dit qu'il était temps que je le découvre enfin. 

Si je m'attendais à bien aimer, je dois dire que j'ai été particulièrement charmée par cette oeuvre. En effet, j'ai été totalement transportée par l'histoire et j'ai été, comme le personnage principal, témoin d'une expérience unique et marquante. 

Le film est sorti il y a bientôt 21 ans et il n'a pas pris une ride selon moi. On y retrouve tout un tas d'acteurs connus dont Kate Hudson bien sûr (qui est sur l'affiche) mais aussi Billy Crudup, Frances McDormand, Philip Seymour Hoffman, Noah Taylor, Anna Paquin, Zooey Deschanel et même Jimmy Fallon.

Inspiré de la vie du réalisateur lui-même, Presque célèbre est aussi rock'n'roll que naïf et franchement l'association des deux m'a vraiment plu. Le cinéaste a totalement réussi à nous transmettre les sensations qu'il a vécu dans sa jeunesse et bien qu'on ressente de la nostalgie, on est ravis d'être replongés dans cette période géniale des années 70 aux Etats-Unis.

Ce qui est particulièrement intéressant c'est qu'il n'a pas choisi de mettre en valeur l'adolescent qui est censé être lui au contraire! Comme il l'a précisé, Cameron Crowe ne voulait pas écrire une histoire autobiographique qui le glorifiait parce qu'il n'a jamais été au centre de ce qui s'est passé. En tant que journaliste, il était un observateur et non pas un protagoniste.

L'autre prouesse c'est d'avoir fait de ce film un rêve d'enfant éveillé. Il y a une énergie folle, les séquences de concert sont prenantes (et c'est une fille qui n'aime pas particulièrement le rock qui vous dit ça), bref : on est divertis pendant deux heures et ça fait du bien!

Aussi culte que mal-aimé (parce que trop "plein de bons sentiments), Presque célèbre fait partie de ces oeuvres qui méritent d'être vues au moins une fois dans sa vie. Pour ma part, il rejoint le top de ma liste des meilleurs films musicaux et je ne peux que vous recommander de le voir à votre tour.

17 Blocks de Davy Rothbart (2020).

Nous nous sommes rejoints avec mon meilleur ami un lundi après-midi pour aller au cinéma. Si nous nous étions mis d'accord sur le premier film que nous voulions voir (La Nuée de Just Philippot), le reste du programme était incertain. C'est lui qui m'a dit qu'il y avait une séance au Mk2 Beaubourg pour ce documentaire dont j'avais entendu parlé mais dont, je l'avoue, n'avait pas pris le temps de m'y intéresser plus que cela. Je l'ai donc suivi et comment dire, qu'encore aujourd'hui, je suis heureuse d'y être allée ce jour-là avec lui. 

Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et j'ai été tout simplement bouleversée en sortant de la salle. Aussi bien que j'en ai parlé autour de moi à toutes les personnes qui me demandaient conseil sur un film à aller voir (encore il y a quelque temps d'ailleurs, je le recommandais). Cela va faire trois mois maintenant que j'ai vu 17 Blocks et j'en ai encore des frissons.

Mais 17 Blocks c'est quoi exactement? Et bien, il s'agit d'un documentaire qui se déroule sur vingt ans et qui traite de la vie d'une famille du Sud-Est de Washington DC (à 17 Blocks précisément). C'est suite à sa rencontre avec Smurf (15 ans) et Emmanuel (9 ans) Sanford, deux frères qui jouaient au basket dans son quartier en 1999, que David Rothbart a décidé de suivre leur famille composée notamment de leur mère Cheryl et de leur soeur Denice. 

Voyant qu'il était intéressé par la caméra, le réalisateur a appris au benjamin du clan (Emmanuel) à se servir d'un petit caméscope qu'il lui confiait les soirs et les week-end. Ainsi, il a réussi à obtenir des moments familiaux avec des images brutes et intimes qui lui ont permis de nourrir son documentaire.

Au fil des années, le cinéaste et les Sanford sont devenus très proches. Initialement, Davy Rothbart avait rassemblé plusieurs films de famille sans avoir encore l'idée de réaliser un long-métrage. Cependant, un évènement tragique (que je préfère vous taire) a bouleversé les choses. Avec Cheryl, ils se sont rendus compte que l'histoire de la famille Sanford avait de l'importance et qu'il fallait la partager. Leur accord était que tout devait être filmé alors même les moments les plus douloureux ont été enregistrés et se sont retrouvés dans le projet final. Ce qui, vous pouvez l'imaginer, est déchirant. 

Les vingt années de tournage ont été divisées en trois périodes : de 1999 à 2000, de 2009 à 2010 et de 2016 à 2019. Davy Rothbart ayant récolté plus de 1000 heures de rushes, le montage de 17 Blocks a nécessité quatre ans de travail. Le résultat c'est un film renversant dont la narration est hypnotisante. À voir absolument!

Cruella de Craig Gillepsie (2021).

Né de la plume de Dodie Smith dans les années 1950, le personnage de Cruella a déjà connu le succès sur grand écran par le passé. Cette nouvelle version est la dix-huitième adaptation en prises de vues réelles d'un classique d'animation Disney. Alors qu'il devait sortir en décembre 2020, la sortie du film a été décalé à mai puis juillet 2021 en raison de la pandémie de Covid-19.

Pour tout avouer c'est un film que je craignais de voir pour diverses raisons : 
1. Emma Stone est américaine alors que le personnage est britannique (à savoir que, précédemment, Glenn Close, une autre Americaine, avait notamment interprété le rôle).
2. Il y avait déjà eu deux adaptations en prises de vue réelles alors pourquoi en faire une nouvelle? 
3. La bande-annonce ne me donnait pas particulièrement envie.

Au final, je me suis retrouvée (par hasard) à la première séance, le premier jour de la sortie du film et, comment vous dire que, c'était le meilleur choix pour bien commencer ma journée!

C'est en 2013, que ce prequel a d'abord été annoncé par Disney, avec Aline Brosh McKenna (Le Diable s'habille en Prada) au scénario. Deux ans après, Kelly Marcel (Dans l'ombre de Mary) rejoint le développement du projet. En 2016, Emma Stone est annoncée dans la peau de Cruella, avec Alex Timbers à la mise en scène. Fin 2018, ce dernier quitte le navire en raison d'incompatibilité d'emploi du temps. C'est alors Craig Gillespie qui endosse le poste de metteur en scène.

Si j'avais vu et apprécié Moi, Tonya de Craig Gillespie (biopic sur la patineuse Tonya Harding), je dois admettre que je ne suis pas familière avec le reste de sa filmographie. C'est pour sa capacité à dresser le portrait d'une anti-héroïne et pour son sens de l'humour subtil et décalé que les producteurs ont choisi le réalisateur. Cruella est, à mon humble avis, un véritable tremplin pour ce cinéaste australien. Que ce soit les décors (130 différents), le stylisme, la direction d'acteurs et les choix de mise-en-scène, il est indéniable qu'il s'est surpassé.

Aussi, Craig Gillespie et son directeur de la photographie Nicolas Karakatsanis ont décidé de tourner dans deux formats différents. Pour l’univers d’Estella/Cruella, ils ont utilisé le 35 mm et ont ajouté un peu de grain pour obtenir un aspect visuel plus granuleux, plus années 70, et pour l’univers plus raffiné et sous contrôle de la Baronne, ils ont fait appel au 65 mm, plus formel. Les deux esthétiques distinctes fonctionnent à merveille et j'étais la première surprise d'apprendre que de tels choix avaient été faits.

De même pour les musiques ajoutées (que l'on doit à la superviseure musicale Susan Jacobs) qui ont tout simplement enchanté ma vision du film. De la reprise de Led Zeppelin de Whole Lotta Love par Ike et Tina Turner en passant par des titres des Bee Gees, des Rolling Stones, des Doors, de Blondie, de Nancy Sinatra, de Nina Simone et d'autres encore : il s'agit d'une succession de tubes plus entrainants les uns que les autres, parfaitement représentatifs de la scène musicale explosive des 70s.

Je n'oublierai bien sûr pas ce qui m'a le plus subjuguée : les costumes! Créés par la cheffe costumière britannique Jenny Beavan, oscarisée à deux reprises pour Chambre avec vue de James Ivory (1986) et Mad Max Fury Road de George Miller (2015), tous les costumes de Cruella sont d'une beauté éblouissante. Plus qu'un énième film sur une "méchante" de l'univers Disney, cette nouvelle adaptation est une oeuvre qui met la mode à l'honneur. Pour tous les fans de vêtements comme moi, ce film ne peut que vous faire rêver!

Il y a une frénésie de création dans ce film qui déborde et qui nous est transmise de la meilleure des manières. On sent notamment que le casting s'en donne à coeur joie et que la volonté de divertir est au coeur du projet (les deux Emma sont aussi crédibles et surprenantes l'une que l'autre et cela donne une effervescence de talent admirable).

Enfin, Cruella traite de sujets passionnants comme l'amitié, la rivalité, l'envie de réussir, l'anti-conformisme et le deuil aussi. Personnellement j'ai du mal à comprendre pourquoi il a reçu autant de mauvaises critiques (manque de punk et de révolution apparemment) mais pour être honnête, cela m'est bien égal! Dès que le dvd sortira, je serai la première à me le procurer. 

Anecdotes : 

1. Pour le personnage de la Baronne, Nicole KidmanCharlize TheronJulianne MooreDemi Moore et Emma Thompson ont été pressenties. C'est finalement cette dernière qui en a hérité. Il s'agissait de la cinquième participation de la comédienne à un long métrage Disney, après La Planète au trésorRebelleDans l'ombre de Mary et La Belle et la Bête.

2. La plupart des animaux du film sont des chiens trouvés ou venant de refuges ; les autres proviennent de chaleureux foyers de dresseurs. Tous les chiens sauvés ont été adoptés et vivent à présent auprès de maîtres qui les choient.

Indes galantes de Philippe Béziat (2020).

J'ignore si vous êtes au courant mais j'ai toujours adoré la danse. Après avoir pris des cours pendant quinze ans, je ne suis pas devenue vraiment plus souple qu'avant cependant, tout ce qui est relié de près ou de loin à cet art m'intéresse. 

Indes galantes c'est un documentaire qui suit la préparation sur deux ans de l'opéra du même nom, mis-en-scène par Clément Cogitore et chorégraphié par Bintou Dembélé avec 30 danseurs de krump, hip hop, break, voguing... Une première pour l'Opéra de Paris qui n'avait, jusqu'alors, jamais proposé de projet mêlant danse urbaine et chant lyrique.

En adoptant le regard des danseurs pour s'en servir comme fil conducteur du film, le réalisateur nous plonge dans les coulisses de chaque étape de mise en place du spectacle. L'idée de Clément Cogitore était d'inviter des gens sur cette scène mythique et de les faire jouer quelque chose qui se rapproche de leur propre rôle. Ainsi, les danseurs n'ont pas été cachés par des costumes mais, au contraire, mis en valeur par des vêtements dans lesquels ils étaient à l'aise et qui rendaient visibles leur énergie et leur identité. C'est cela que Philippe Béziat a choisi de montrer à travers son documentaire.

Si au début le tournage n'avait lieu que de temps en temps, quand les répétitions ont commencé (à partir de fin août 2019), le rythme est devenu plus intense et l'équipe tournait presque tous les jours et ce, jusqu'à la générale et la première et puis même un peu au-delà. La phase de montage a duré neuf fois avec un premier bout-à-bout de 6h40 ce qui s'est avéré être beaucoup trop long. Au final, Indes galantes dure 1H48 et sa construction, basée sur des allers-retours temporels, apporte une vraie harmonie et un tempo juste.

Ce qui en ressort c'est le pouvoir de la collaboration et comment, ensemble, il est possible de créer. Ce projet collectif c'est une réunion de divers talents à un même moment et pour le même but. Le résultat c'est un objet unique et inédit qui, grâce à Philippe Béziat, est visible pour des personnes, comme moi, qui n'ont pas pu assister aux représentations de l'opéra quand il était joué.

Authentique, brut, Indes galantes est un documentaire qui transmet une joie du partage entre artistes mais aussi du partage avec le public. Je crois pouvoir affirmer que nous sommes tous sortis de la salle de cinéma avec un énorme sourire gravé sur le visage.


Voici donc pour ce nouvel article consacré à mes recommandations cinématographiques. J'espère que cela vous aura plu! Sur ces mots, je vous laisse et vais aller manger un peu de pastèque pour me rafraichir.

PS : Il s'agit du dernier post avant un moment parce que je serai en Italie les trois prochaines semaines et que je n'aurais pas accès à internet. Je vous souhaite donc, à toutes et tous, une bonne fin de mois d'août et un bon début de septembre! À bientôt.


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