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vendredi 20 mars 2020

Cinema | Recommandations cinématographiques #4

Bonjour, bonsoir à toutes et tous, j'espère que vous allez bien! Je n'avais pas prévu que nous serions tous confinés chez nous quand je publierai cet article néanmoins, quoi de mieux que des recommandations cinématographiques pour égayer vos journées? 

Au programme aujourd'hui : 3 films américains, 1 film italien et 1 film français.

18/02/2020 : Boyhood de Richard Linklater (2014).

Je l'avais raté à sa sortie en 2014 mais heureusement pour moi, le cinéma le Grand Action a organisé un cycle autour de Richard Linklater et j'ai pu profiter de l'opportunité de le voir sur grand écran. 

D'une durée de 2h45, Boyhood est un film pour le moins original et unique puisqu'il a été tourné sur une période de douze ans, avec la même distribution et la même équipe technique. Une expérience visant à suivre l'évolution des personnages et maintenir une certaine constance scénaristique. 

Loin d'être une banale imitation de la vie, cette oeuvre n'est pas non plus un documentaire. En effet, il s'agit davantage d'une restitution d'instants du quotidien, ceux qu'on a tous vécu une fois dans sa vie ou dont on a déjà entendu parlé par des proches.

La différence se fait donc par la faculté de Richard Linklater à se servir de son procédé afin d'exploiter au mieux son sujet de prédilection soit le temps qui passe (on pense évidement à sa trilogie Before).

On voit les changements se faire progressivement sous nos yeux curieux, par tranches d'un quart d'heure environ par année. Aucune indication précise n'est donnée, on ne sait pas quel âge a le héros, on le devine. Ainsi, c'est par les cheveux qui poussent, les boutons d'acné aussi, la mutation de la voix, que le temps passe. 

Autour de ce personnage principal évolue notamment son père (Ethan Hawke), sa mère (Patricia Arquette) et sa soeur (Lorelei Linklater, la fille du réalisateur). Chacun vit des étapes diverses qu'on suit de plus ou moins près. 

L'authenticité du projet enrichit l'histoire puisqu'en les observant vieillir - littéralement -, l'empathie pour ce groupe de personnes s'intensifie. C'est alors de manière progressive que l'immersion se fait et que l'émotion s'installe. On devient, par la même, complices de cet univers créé de toutes pièces. 

Outre le fait de suivre l'adolescence d'un jeune homme comme les autres, Boyhood permet notamment à Linklater d'immortaliser une époque et plus précisément une décennie (2002-2013) à travers la musique, la littérature, la technologie et la politique notamment.

C'est l'instant présent qui est constamment mis à l'honneur et il prend une amplitude comme jamais encore il nous avait été donné de voir au cinéma. 

Non seulement le procédé imaginé par le cinéaste fonctionne par sa sincérité et sa cohérence, il est d'une crédibilité infaillible. 

En modulant le temps à sa guise, Richard Linklater construit, à travers un montage qui semble invisible, une fresque sur le quotidien d'une famille qui, même si elle est commune, ne cesse de nous toucher. 

Film au concept ambitieux et pourtant d'une simplicité pure dans ce qu'il raconte, Boyhood est une déclaration d'amour à la vie, un message positif et véridique sur la beauté du présent.

Anecdotes diverses : 

1. Boyhood a remporté l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur à la Berlinale de 2014. 

2. Les enregistrements, qui ont débuté à l'été 2002, ont pris fin courant 2013. Au début du tournage, Ellar Coltrane était âgé de six ans. A la fin, il en avait dix-huit.

3. Avant que le titre Boyhood ne soit retenu, le film avait d’abord pour intitulés The Untitled 12 Years Project et 12 Years. C’est une fois la production achevée que le réalisateur a préféré le titre « Boyhood », ne souhaitant pas qu’il y ait d'amalgames entre le film et l’oscarisé 12 Years a Slave. « Boyhood » donc, pour désigner l'enfance ou les jeunes années de Mason, le jeune héros du film.

4. Si Boyhood n’avait pas de scénario ou de dialogues préétablis, la trame du film répondait néanmoins à un « plan de structure »  précis. Chaque année, le réalisateur réunissait ses troupes pour trois ou quatre jours, durant lesquels il enregistrait de courts segments de 10 à 15 mn. Les répliques étaient rédigées au fil du temps, selon la direction que prenaient les acteurs et l’évolution des personnages.

21/02/2020 : Mickey and the Bear d'Annabelle Attanasio.

Je suis allée découvrir Mickey and the Bear au Luminor un vendredi en fin de matinée. Si j'ai été attirée par ce film c'est d'une part pour le titre et d'une autre, pour l'histoire.

Mickey est une jeune femme déjà indépendante intellectuellement et financièrement pour son âge. Si son désir de liberté est évident, elle se retient pourtant de quitter son père, tiraillée par l'attachement qu'elle lui porte. 

Basé sur une relation père-fille complexe, ce premier long-métrage met donc en scène deux êtres qui cohabitent, tant bien que mal, malgré leurs différences et désaccords. 

Pour incarner ce duo, la réalisatrice a porté son choix sur la jeune Camila Morrone, qui se révèle être incroyablement convaincante et James Badge Dale, qu'on avait déjà vu précédemment dans des rôles plus secondaires chez Martin Scorsese (Les infiltrés, 2006), chez Steve McQueen (Shame, 2011), chez Robert Zemeckis (Flight en 2012 et The Walk en 2015), chez Michael Bay (13 Hours, 2016) ou encore dans Les Baronnes d'Andrea Berloff (2019) dont je vous avais parlé dans un article cinéma du mois de septembre 2019.

Ce que j'ai le plus apprécié dans Mickey and the Bear c'est le regard de la cinéaste qui, à travers une mise-en-scène rigoureuse, réussit à apporter sa touche personnelle. On sent que rien n'a été filmé au hasard, chaque composition de cadre, mouvement de caméra ont été réfléchi en amont, de manière à être porteur d'émotions véridiques. 

La lumière de Conor Murphy va notamment dans cette lignée naturaliste qui fait de ce film une chronique sociale vibrante et remplie d'humanité.

Poignant à bien des égards et incarné avec une certaine vulnérabilité, cette première réalisation rejoint la liste des pépites du cinéma indépendant américain.

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23/02/2020 : Mediterraneo de Gabriele Salvatores (1991).

C'est alors que j'étais en week-end chez mon père qu'il m'a suggéré de regarder ce film ensemble. Lui l'avait déjà vu bien évidemment et était d'ailleurs étonné que ce ne soit pas déjà mon cas.

Récompensé par trois Prix David di Donatello en 1991 (meilleur film, meilleur montage et meilleure prise de son) ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger en 1992, Mediterraneo a été un succès aussi bien populaire que critique.

Prenant place en 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, ce film est porté par huit personnages, tous soldats italiens. 

L'histoire se déroule sur plusieurs années où les protagonistes, débarqués en « territoire ennemi » sur Megísti, petite île grecque de la Mer Méditerranée, sont livrés à eux-mêmes, privés de radio et de bateau. 

Ce que j'ai particulièrement apprécié ce sont les dialogues et le choix des acteurs qui est absolument fantastique (quand on sait en plus qu'ils ont été cantonnés dans des maisons de pêcheurs, vêtus de treillis, par plus de 50 degrés, on imagine qu'ils se sont rapprochés et que l'entente est véritable)

Aussi, j'ai ressenti de l'empathie pour tous les personnages et j'ai pris un réel plaisir à suivre leur évolution respective. 

Laissant l'Histoire se dérouler hors-champ, ce film est une véritable ode à la fuite, à la tolérance, à  l'amitié, à l'amour aussi et au plaisir surtout. 

Jamais encore, je n'avais vu une oeuvre sur la "guerre" aussi positive, poétique et drôle. 

Je ne peux donc que vous recommandez de voir cette comédie à l'italienne, en espérant que vous y soyez aussi réceptifs que moi.

24/02/2020 : Alexandre le bienheureux d'Yves Robert (1968).

Il y a des films comme celui-là que l'on doit voir depuis des années parce qu'ils font partie de cette liste interminable d'oeuvres à découvrir ou tout simplement parce qu'on nous les a recommandés. Alexandre le bienheureux était l'un de ces films, film qu'avait adoré ma grand-mère maternelle qui rêvait de faire comme le fameux Alexandre, soit vivre dans son lit sans jamais plus le quitter.

Par ce générique de début à base de plans divers d'un chien courant dans les champs sur fond musical composé par Vladimir Cosma et interprété par Isabelle Aubret, j'ai été immédiatement transportée dans l'univers enchanté d'Yves Robert. Il ne m'en fallait pas beaucoup plus pour être conquise! 

C'était sans compter l'admirable Philippe Noiret, acteur qui a égayé mon enfance avec ses incursions dans le cinéma italien comme par exemple chez Giuseppe Tornatore en 1988 (Cinema Paradiso) ou chez Michael Radford en 1994 (Il postino) et que j'ai re-découvert, plus tard, au lycée chez Louis Malle avec Zazie dans le métro (1960).

Dans les bottes du cultivateur-fermier qu'est Alexandre, Noiret nous propose une prestation inoubliable. Sa nonchalance et sa bonhommie nous font sourire du début à la fin et tout comme ses amis agriculteurs dans le film, on aimerait nous aussi suivre le mouvement et tout abandonner pour rejoindre notre lit sans se soucier des impératifs.

On savoure avec gourmandise de voir cette petite communauté être chamboulée par le choix d'un homme à ne plus répondre aux attentes imposées par la société. On s'inquiète d'abord, on l'admire ensuite pour son audace et on l'envie aussi pour cette facilité avec laquelle il suit ses envies sans se préoccuper de ce que l'on va penser de lui. 

C'est bienheureuse que j'ai regardé ce film et c'est bienheureuse que je vous conseille de le découvrir à votre tour!

En bonus : un jeune Pierre Richard qu'on aperçoit que furtivement mais qui nous marque par sa manière si particulière de manier son corps.

24/02/2020 : Miss Stevens de Julia Hart (2016).

Jamais sorti en salles en France, j'ai décidé de voir ce film pour la bonne et valable raison que Timothée Chalamet y ai participé. 

Le récit, même s'il reste assez basique et prévisible, renferme quelques moments de poésie, d'humour et de tendresse. S'articulant autour d'un roadtrip, le scénario explore divers sujets comme la réussite, la confiance en soi, le premier amour etc... 

Bien que l'histoire tourne autour d'un groupe de quatre individus (une enseignante et trois élèves), un couple se détache, celui formé par Lily Rabe et Timothée Chalamet. 

Lily Rabe, que j'avais déjà eu l'occasion de découvrir la série télé American Horror Story de Ryan Murphy, prouve une fois de plus qu'elle est apte à incarner n'importe quel rôle. Ici, en endossant le rôle d'une jeune professeure d'anglais, elle se montre d'une part sous l'angle de la pédagogue, la personne à suivre, celle qu'on a envie d'impressionner et d'une autre part comme une femme qui n'est pas épanouie dans sa vie sentimentale et qui est, comme les étudiants, dans le flou et la recherche permanente. 

Face à elle, Timothée Chalamet qui, du haut de ses 20 ans, trouve sa place aisément de par sa présence et son charisme inné, lui volant même - souvent - la vedette. 

Quand il la regarde, c'est tout un panel d'émotions et de sensations variées qui nous sont transmises. C'est en s'identifiant au personnage qu'il interprète que Miss Stevens (l'héroïne comme le film) prend de l'ampleur.

Ce qui m'a plu c'est cette relation indéterminable entre eux. On ignore où cela va mener et jusqu'au bout, on espère, on ne sait quoi, néanmoins ce lien qui les lie, nous intrigue et nous tient.

Loin d'être révolutionnaire, c'est par son naturel que ce premier long-métrage séduit. Le naturel par lequel le récit est mené, le naturel de la mise-en-scène et le naturel de l'interprétation des acteurs. 

Un joli film donc, simple et doux, comme un week-end de fin d'été.

Anecdotes : 
1. Premièrement, en février 2013, il est annoncé que l'actrice Ellen Page réaliserait le film et qu'Anna Faris jouerait l'enseignante. En 2015, Julia Hart, qui est aussi la scénariste, remplace Page. 
2. C'est par Youtube que Julia Hart a trouvé Anthony Quintal. En effet, ce dernier a annoncé directement sur sa chaine, en mai 2015, que la réalisatrice l'avait approché en lui disant qu'il serait parfait pour le rôle.


Si vous aurez peut-être du mal à trouver Mickey and the Bear d'Annabelle Attanasio, je pense que les quatre autres films sont disponibles sur Internet. 

Sur ces mots, je vous souhaite à toutes et tous un joyeux confinement, en espérant que vous profitiez de cette drôle de période pour être créatifs, pour passer du temps avec vos proches, pour vous cultiver, pour cuisiner, pour jardiner, pour ranger ou tout simplement pour vous reposer. 

Je vous embrasse et vous retrouve prochainement!


PS : Entre le 18 et le 24 février j'ai vu notamment : L'homme du Sud de Jean Renoir (1945) et Everybody wants some !! de Richard Linklater (2016).

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