Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien! Je ne saurais vous expliquer vraiment pourquoi mais j'ai eu un mal insensé à écrire ou plutôt à terminer d'écrire cet article. À chaque fois que j'ouvrais le brouillon, je le fixais, relisais ce que j'avais déjà rédigé et je le refermais comme si de rien n'était. J'ai repoussé, j'ai repoussé et encore repoussé et le mois de janvier 2021 s'est terminé sans que j'ai partagé avec vous un seul article cinéma : évènement qui n'était pas arrivé depuis au moins 3 ans je dirais.
En regardant un ancien épisode de l'émission Le cercle sur Canal +, cela m'a donné le courage et l'envie d'écrire à nouveau des critiques sur les films que je vois, courage et envie que j'avais perdus depuis plus d'un mois...
Aujourd'hui je suis donc très heureuse de partager avec vous cinq nouveaux coups de coeur cinématographiques. Parmi les cinq films, deux que j'ai pu voir au cinéma juste avant le deuxième confinement.
Au programme : 3 films français, 1 film finlandais et 1 film suédois.
Après Au revoir là-haut qui avait reçu deux César en 2018, Albert Dupontel revient avec un scénario original écrit par ses soins.
J'étais impatiente à l'idée de découvrir ce nouveau film pour la simple et bonne raison que je suis une grande admiratrice de Virginie Efira. Aussi, la bande-annonce m'intriguait beaucoup et j'avais hâte de pouvoir mieux comprendre de quoi il s'agissait précisément.
Véritable tragi-comédie burlesque, Adieu les cons, raconte la cavale d'un trio improbable qu'on suit à travers une aventure inattendue et poétique.
On retrouve indéniablement (et avec un certain plaisir) la signature Dupontel qui s'exprime à travers son ton satyrique et son regard critique et acerbe sur notre société actuelle. Le réalisateur-acteur s'amuse à jouer sur les paradoxes en choisissant de mettre en scène trois personnages qui sont des combles ambulants ancrés dans le réel. Ainsi, l'archiviste est aveugle, l'informaticien est compétent mais doit être remplacé parce que considéré pas assez jeune et la femme débordante de vie est atteinte d'une maladie incurable.
Par le biais d'une histoire qui raconte la détresse d'une femme face à une administration indifférente et numérisée jaillissent les thèmes de la filiation et de la maternité, thèmes que le réalisateur avait déjà abordés précédemment dans sa filmographie comme par exemple dans 9 mois ferme (2013).
Ce qui est assez surprenant de la part du cinéaste c'est la part octroyée au sentimentalisme, omniprésent, revendiqué et assumé. Il y a une simplicité émotionnelle qui déborde de ce film et vous enlace comme les bras d'une mère qui n'a pas vu son enfant depuis longtemps.
Au service du scénario, un visuel singulier qui traduit parfaitement l'état d'esprit des protagonistes et les émotions qui les traversent. Le propos est grave néanmoins il y a une véritable envie de faire voyager le public et de lui donner un spectacle hors du commun.
Ce spectacle nous est offert par la mise-en-scène rigoureuse et inventive. En faisant le choix d'un tournage en studio, cela a permis à Albert Dupontel et son équipe de réinventer la vie quotidienne. Pour cela je dis chapeau puisque cette version imaginaire du monde a pour effet de nous plonger directement dans une autre galaxie, galaxie qui semble être plongée dans le secret et le mystère de la nuit. L'urbanisme perd alors son côté sinistre et devient toile de fond d'un conte enchanté.
Inspiré par Charlie Chapin, Terry Gilliam ou bien encore Ken Loach, Dupontel honore ces grands hommes en usant de leur perspicacité et leur vision avant-gardiste. Adieu les cons est un hommage appuyé à Brazil de Terry Gilliam sorti en 1985 (que je vous conseille de voir impérativement). Terry Gilliam fait d'ailleurs un caméo dans le film.
Enfin, on n'oubliera pas de mentionner la prouesse des acteurs qui nous livrent une performance digne des plus grand prix. Avec en première ligne Virginie Efira qui dégage une tendresse et une humanité expansive et Nicolas Marié qui est à lui tout seul vecteur de poésie : on ne peut que succomber aux larmes et aux rires en les regardant se mouvoir et s'exprimer.
Ce fût un grand moment de cinéma!
Anecdotes :
1. Lorsque Albert Dupontel a envoyé son scénario a Terry Gilliam ce dernier lui a répondu "Ton film est aussi improbable que la réalité, je viens".
2. Le film est dédicacé à Terry Jones, un des Monty Python, décédé en janvier 2020.
Alors qu'elle écrivait depuis 2016 un long-métrage compliqué à financer sur Madame du Barry qui était la maîtresse de Louis XV, Maïwenn se voit proposer par son producteur Pascal Caucheteux en 2019 de s'atteler à un autre film, moins coûteux, en attendant de pouvoir réaliser son projet initial. C'est à partir de notes qu'elle avait depuis quelques années qu'ADN a vu le jour.
Co-écrit avec Mathieu Demy, ADN est un projet que la cinéaste a proposé à son ami suite à la perte de sa mère, Agnès Varda. Si elle avait déjà écrit une première version seule, Demy l'a enrichi de ses réflexions. Le scénario écrit n’avait d'ailleurs pas une forme classique : il s’agissait en effet de scènes résumées avec des fragments de dialogues. Chaque comédien pouvait ainsi s’approprier le texte et improviser.
Dans cette même optique de spontanéité, Maïwenn a obtenu l'option de tourner le film dans l'ordre chronologique ce qui lui a permis, à elle et ses acteurs, d'avancer ensemble dans la même direction et au même rythme.
La première partie s'attarde sur le sujet de la perte et nous expose la mort dans ce qu'il y a de plus concret. On assiste ainsi à des scènes très réalistes qui nous font constater, tout comme les personnages, de la banalité et de la violence ressentie face à une situation comme se retrouver nez-à-nez avec un corps sans vie, les affaires du défunt (qu'en faire?) ou encore choisir un cercueil. Ces actions qui peuvent sembler triviales sont pourtant vectrices d'une émotion hors du commun. En effet, toute personne ayant déjà été confrontée à la mort de quelqu'un sait ce que cela signifie d'avoir à gérer l'après. Ces séquences ne peuvent que rappeler la difficulté, l'épreuve que cela représente de perdre un être aimé de manière concrète et sans filtres.
On oscille alors entre comédie et drame et la force de la réalisatrice est de savoir parfaitement doser les deux états émotionnels. La séquence du choix du cercueil devient un moment drôle même si cela ne devrait pas avoir lieu d'être. Toutes les fêlures de cette famille sont mises à nu lorsque son pilier, le grand-père, décède. La prouesse de Maïwenn est de montrer et développer les conséquences de cette disparition.
Par ailleurs, désireuse de parler de transmission avant tout, la cinéaste poursuit notamment la quête d'identité avec ce cinquième film où il est question de chercher d'où l'on vient (cf. le titre). La deuxième partie se concentre justement sur cet aspect et se ressert sur le personnage de Neige qui part à la recherche de ses origines.
La réalisatrice-actrice ne se refuse rien, elle est dans l'excès, ose, pousse, repousse, va à la limite. De bout en bout, son énergie est folle, débordante jusqu'à l'épuisement. On ressent et on épouse son regard qui est triple. Triple parce qu'elle développe plusieurs points de vue : celui de la personne endeuillée, de la personne en quête de réponses, de la personne opprimée par des parents qui l'ont toujours empêchée d'être ce qu'elle voulait.
Enfin, ADN est l'occasion, une fois de plus, d'attester du talent de directrice d'acteurs que possède la réalisatrice. Parmi tout le casting, chacun bénéficie de son heure de gloire et réussit à montrer une palette de jeu impressionnante. La séquence la plus marquante est sûrement celle de la confrontation mère-fille entre Maïwenn et Fany Ardant, déchirante par sa dureté.
ADN est le dernier film que j'ai vu au cinéma. Autant vous dire qu'il restera gravé en moi pour toujours.
Présenté en compétition officielle à Cannes en 2002, L'Homme sans passé a remporté le prix d'interprétation féminine, décerné à Kati Outinen, ainsi que le Grand Prix du jury.
J'avais déjà entendu parlé de ce cinéaste finlandais mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir l'une de ses oeuvres. Grâce à Arte qui propose plusieurs de ses films sur sa plateforme depuis quelques mois déjà, j'ai pu, finalement, découvrir le cinéma d'Aki Kaurismäki.
C'est par un après-midi ordinaire et routinier, que ma mère et moi avons décidé de nous plonger dans L'homme sans passé. Nous ne savions ni l'une ni l'autre à quoi nous attendre et je dois dire que la surprise a été d'autant plus agréable!
Il m'est difficile de parler de ce film et surtout de retranscrire avec précision ce que j'ai ressenti en le voyant toutefois je vais essayer de vous faire part de mon impression.
D'abord, je dirais que, d'emblée, j'ai accroché. Que ce soit la lumière, le découpage, les acteurs ou encore l'ambiance générale : tout m'a charmée pour sa singularité. Ensuite, il y a ce plaisir coupable de rire de la langue finlandaise dont les sonorités sont étonnantes pour une française comme moi. Enfin, il y a ce côté intemporel qui m'a beaucoup plu.
L'homme sans passé m'a définitivement donné envie de continuer à explorer la filmographie de Kaurismäki. Je vous tiendrai donc au courant de mon avancée dans le futur. En attendant, je vous conseille vivement de vous intéresser à son cinéma et profiter de la disponibilité de plusieurs de ses films sur Arte.
En rédigeant mon dernier article lecture je me suis rendue compte que je ne vous avais jamais parlé du livre Les Rêveurs écrit par Isabelle Carré que j'ai lu et adoré en 2019 (je vais donc remédier à cela rapidement).
Je suis loin d'avoir vu tous les films dans lesquels elle a joué cependant je l'ai toujours énormément apprécié pour son apparente douceur. Alors quand je suis tombée sur Le coeur régulier disponible sur Amazon Prime, je n'ai pas hésité une minute avant d'appuyer sur lecture.
Adapté du roman éponyme d'Olivier Adam, ce film est le second long-métrage de la réalisatrice belge. On sent un savoir-faire aussi bien en termes de direction d'acteurs que de direction artistique. Cette maitrise est sûrement due à la préparation du tournage qui a demandé un long travail de recherches.
En effet, avant de tourner, Vania D'Alcantara s'est rendue au Japon à plusieurs reprises. Cela lui a permis de mieux connaître la mentalité japonaise. Ces séjours lui ont notamment été utiles pour ne pas rester en surface et l'aider à savoir comment elle allait présenter le pays. Lorsqu'elle a découvert les îles d'Oki situées en pleine mer, la magie des lieux s'est révélée avec évidence, comme s'ils avaient été conçus pour accueillir le film.
Justement, j'ai été particulièrement sensible aux décors et à l'ambiance générale dans laquelle se déroule l'histoire. Le coeur régulier possède cette qualité d'être épuré alors qu'il traite de sujets complexes comme le suicide et le deuil.
Si la première partie se déroule en France, la seconde est transposée au Japon et plus précisément dans un village hors du temps qui se nomme Tojinbo. Cet endroit est connu pour ses hautes falaises et ses paysages somptueux. Mais ces précipices sont également tristement célèbres pour être le théâtre de nombreux suicides de personnes venant se jeter du haut de ces ravins. Toutefois, un homme veille et tente d'empêcher ces suicides en parlant et en écoutant les âmes en peine. Il se nomme Yukio Shige, policier à la retraite et c'est de cet homme qu'est inspiré Daisuke, interprété par Jun Kunimura. Vanja D'Alcantara a d'ailleurs rencontré le vrai Shige pour les besoins du film : "contre toute attente, c’est un homme plutôt rustre. Rien à voir avec l’image du moine bouddhiste que l’on pourrait se faire. Au contraire, c’est un type pragmatique qui fait ce qu’il a à faire, par utilité et par devoir".
Enfin, ce que j'ai beaucoup aimé c'est à la fois cette invitation au voyage et le rapport au silence. Il y a plusieurs séquences marquantes où la parole est mise de côté pour laisser place aux regards, aux gestes.
Anecdotes :
1. Isabelle Carré a un rapport particulier avec le Japon étant donné que son père, designer, partait souvent travailler au Japon : "Petit à petit, ma maison d'enfance s'est japonisée. Les portes étaient couvertes de tissu, on mangeait dans des bols en raku, le garde manger était suspendu par des câbles comme dans les temples, on s'habillait en kimono… Ça a rendu le Japon traditionnel mythique à mes yeux".
2. Le chef-opérateur du film est Ruben Impens, le technicien fétiche de Félix Van Groeningen avec lequel il a fait Alabama Monroe (film que j'ai adoré et que je vous recommande vivement).
3. Jun Kunimura est notamment connu pour avoir prêté ses traits à Boss Tanaka dans Kill Bill de Quentin Tarantino. L'acteur japonais a également tourné sous la direction de Hirokazu Kore-Eda pour Tel père, tel fils (film absolument somptueux, à voir absolument).
14/11/2020 : My skinny sister de Sanna Lenken (2015).
Lorsqu'elle n'était encore qu'une adolescente, Sanna Lenken, la réalisatrice, souffrait d'anorexie. Sa petite soeur avait peur de la perdre à cause de ce trouble du comportement alimentaire. Elle s'est donc inspirée de sa propre histoire pour My Skinny Sister.
Afin de construire l'histoire, la cinéaste a rencontré de nombreuses jeunes filles souffrant de cette maladie et a longuement parlé avec elles ainsi qu'avec leurs proches. Elle les a d'ailleurs impliquées dans son projet.
Dans My skinny sister, elle a voulu montrer l'anorexie selon le point de vue des parents et surtout de la petite soeur Stella et non à travers les yeux de Katja. Pour la réalisatrice, les personnes souffrant de ce trouble ne sont pas toujours les victimes car leurs proches sont aussi impliqués dans cette épreuve et c'est justement pour cela que ce film se démarque et qu'il m'a beaucoup plu.
Le plus impressionnant reste tout de même le jeu des acteurs. Que ce soit les soeurs, leurs parents ou les rôles secondaires, tout le casting est investi dans le récit et nous propose une palette d'émotions exceptionnelle. Ce qui est fantastique c'est notamment la complicité entre les deux jeunes actrices qui semblent être réellement de la même famille dans leur manière de communiquer et de se comporter.
Pour finir, j'ai trouvé la photographie (que l'on doit à Moritz Schultheiss) très belle et surtout, au service du scénario. Bref, vous l'aurez compris, c'est un film réussi!
Anecdotes :
1. Amy Deasismont (qui interprète le rôle principal) est une chanteuse célèbre en Suède. Elle est aussi connue pour être une bonne patineuse. Lors du casting, Sanna Lenken était réticente à l'idée que sa reconnaissance prenne le dessus sur le personnage de Katja. Au final, elle a tout de même obtenu le rôle.
2. Avant de réaliser ce premier long-métrage, Sanna Lenken avait mis-en-scène le court-métrage Eating Lunch qui a aussi pour sujet l'anorexie.
Voici donc pour ce nouvel article cinéma. J'espère que cela vous aura intéressé et donné envie de voir ces films à votre tour, si ce n'est pas déjà fait! Sur ces mots, je vous dis à très vite et vais aller me préparer un thé.
Je comprends totalement ce que tu as pu ressentir face à ton brouillon, cela m'arrive si souvent haha ! J'essaie de ne jamais me forcer à écrire, l'inspiration revient toujours naturellement :)
RépondreSupprimerUne belle sélection de films que je ne connais pas du tout. Je suis bien tentée par Adieu les Cons et My Skinny Sister !
Deux très bon choix!!
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