Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien! Aujourd'hui c'est une date spéciale puisque je dépose un dossier de demande d'aide avant réalisation au CNC. C'est la première fois que je le fais alors forcément je suis stressée. Je croise les doigts en tout cas et je vous tiens au courant (pas avant février) du résultat.
En attendant, voici mes cinq nouveaux coups de coeur cinématographiques.
Au programme : 2 films français, 1 film japonais, 1 film allemand et 1 film américain.
16/09/2020 : Énorme de Sophie Letourneur (2020).
J'appréhendais d'aller voir Énorme et au final, je crois que ce film est en lice pour faire partie de mon top 10 de l'année 2020.
La raison principale de mon appréhension : la mise-en-scène de Sophie Letourneur qui semblait, d'après les plans choisis dans la bande-annonce, être assez basique et pas vraiment attrayante.
Il s'est avéré que c'est justement ce choix de mêler d'une part les techniques du documentaire et de l'autre celles de la fiction qui m'ont grandement enthousiasmée. En effet, cela crée un ton unique, entre réalisme et fantaisie. Ainsi, le rire et l'émotion cohabitent : il y a eu des moments où je m'esclaffais et d'autres où je pleurais comme une madeleine (c'est la séquence de l'accouchement qui a signé ma fin).
Cette authenticité on la doit au procédé d'écriture de la cinéaste qui, pendant le neuvième mois de sa seconde grossesse, a pris des notes sur tout ce qu'elle ressentait, vivait. De toutes les situations tragicomiques auxquelles elle a fait face est née l'envie d'en faire un film. Elle a notamment utilisé le principe d’enregistrer au son des improvisations puis de les mélanger, les monter afin de les retranscrire pour qu’elles deviennent les dialogues définitifs.
Par ailleurs, le côté brut, frontal de la réalisation de Sophie Letourneur résulte également de sa manière de tourner. Pour les scènes à l’hôpital, dans une logique de champs-contrechamps, la réalisatrice a filmé les plans documentaires et les séquences d’improvisation en cadrant uniquement le personnel. Ces séquences avec le personnel hospitalier ont été captées lors de scènes d’improvisations.
Le défi pour ce film s’est donc joué autour du point de montage entre ces plans documentaires et les plans fictionnels, dans une continuité́ artificielle. Et le pari est relevé!
D'autre part, ce que j'ai le plus apprécié dans Énorme c'est la réflexion sur le corps des femmes, ce qu'il subit au quotidien, ce que la société en attend, ce qu'il représente. Le format choisi (presque carré) renforce le côté claustrophobe, coincé qui reflète l'état d'esprit de la femme enceinte. Comme l'explique Sophie Letourneur, attendre un enfant c'est être bloquée dans un calendrier, dans un corps, dans un empêchement.
Si le ventre de Claire (Marina Foïs) devient si énorme c'est pour parler de la transformation des corps sans que ce soit un acte volontaire. Cette "énormité" est aussi une façon d'exprimer le ressenti plus que le réel. Par conséquent, plus le film avance, plus l'actrice occupe l'espace dans le cadre. À noter que, dans Énorme, ce changement corporel touche aussi bien la femme que l'homme produisant alors un effet particulièrement comique.
Enfin, la réussite de cette comédie repose également sur le brio de Marina Foïs et Jonathan Cohen qui forment un couple improbable mais crédible.
En résumé : j'ai adoré et je vous le conseille vivement.
Anecdote : Sophie Letourneur a notamment été très inspirée par son mari et se souvient : "j’avais dépassé le terme de ma grossesse - nous marchions dans la rue pour favoriser les contractions, et j’ai cru perdre le « bouchon muqueux ». En pleine rue, il a mis la main dans ma culotte pour vérifier. Je l’ai noté, trouvant cela à la fois drôle et en même temps vexant. J’avais aussi retranscrit des dialogues qui se retrouvent dans le film."
Encore un film que j'ai failli ne pas aller voir par peur de ne pas aimer. Encore un film qui m'a surprise par sa singularité et plus particulièrement pour sa délicatesse.
Dans un jardin qu'on dirait éternel est tout simplement un bijou à l'état pur. D'une idée simple qui est l'apprentissage de l'art du thé, nait une histoire touchante qui bouleverse par sa maitrise.
Alors que les saisons passent dans le pavillon de thé, les personnages féminins évoluent et atteignent une certaine maturité, une paix avec elles-mêmes. On suit alors leurs parcours au fur et à mesure que le temps s'écoule et c'est comme si l'on bénéficiait des leçons qu'elles retiennent.
Je me suis totalement imprégnée de l'univers dépeint et cela m'a donné envie d'apprendre à mon tour l'art du thé! C'est d'ailleurs ce que les trois actrices principales ont fait avant le tournage sur la demande du réalisateur. Une fois qu'elles ont eu atteint un bon niveau, le tournage des séquences où les personnages ignorent tout de cet art ont pu commencer.
La part du réalisme est donc conséquente dans ce film et cela est notamment dû au choix de filmer à la lumière naturelle et au choix du décor. En effet, ayant tourné dans un véritable pavillon de thé, l'espace était assez restreint. Le cinéaste était donc limité pour positionner sa caméra.
Ce que j'ai retenu de cette oeuvre c'est la douceur et la sagesse avec laquelle tout nous est montré. J'ai eu l'impression d'être enveloppée, enlacée par tous les plans. C'était comme une parenthèse enchantée dans ma journée, un moment sur un nuage où je flottais au gré du vent.
Un vrai coup de coeur!
Anecdote : Dans un jardin qu’on dirait éternel est le premier film de Tatsushi Omori à sortir en France.
Dans les années 90, le réalisateur Christian Petzold a lu Liebesverrat de Peter von Matt, où l’on trouve un chapitre sur le mythe d’Ondine et c'est ainsi qu'il s'est intéressé à cette histoire d'amour trahi.
Néanmoins, c'est suite à la découverte de maquettes de Berlin exposées au Stadtmuseum que le cinéaste s'est décidé à écrire son film.Parce qu'en effet, la ville de Berlin fait partie intégrante d'Ondine (le film comme le personnage).
Ville moderne, résultat d'une conception, la capitale allemande est une ancienne ville de marchands qui ont importé divers mythes. Dans l'imagination du réalisateur, ces histoires rapportées, ces passés détruits devaient figurés dans son scénario.
Personnellement, je trouve que c'est un vrai plus que Berlin soit représentée de cette manière dans le film. Y étant allée en mai 2019, j'ai totalement retrouvé l'impression que j'en avais eu et cela m'a donné envie d'y retourner (notamment pour voir ces fameuses maquettes).
Aussi, une part importante du film se passe sous l’eau (rappelons que Berlin s'est construite sur des marais) avec des scènes empreintes d’une magie très particulière qui, pour certaines, m'ont fait penser au film La forme de l'eau de Guillermo del Toro, 2017.
Ce qui m'a plu dans Ondine c'est évidement son côté fantastique mais notamment sa part de poésie mélancolique qui se reflète à la fois dans les dialogues et dans la direction artistique. Ce film est par ailleurs une ode à l'amour et à la magie de tous les jours (la rime n'était pas préméditée).
Enfin, on n'oubliera pas de dire que sans la parfaite interprétation des acteurs, le résultat n'aurait pas été aussi marquant. Avec d'un côté Paula Beer qui, du haut de ses 25 ans, nous transmet aussi bien la jeunesse que l'expérience et de l'autre, Franz Rogowski, dont il est difficile de détacher notre regard, on est emprunts d'admiration pour ce duo 5 étoiles.
Maintenant il ne me reste plus qu'à découvrir le reste de la filmographie du réalisateur (Une valse dans les allées sorti en 2018 est d'ailleurs disponible sur Arte pour ceux que ça intéresse).
Je pense l'avoir déjà mentionné précédemment : je suis fan de Laure Calamy et de Benjamin Lavernhe. Impossible donc de passer à côté de ce film dont ils sont tous les deux à l'affiche.
Antoinette dans les Cévennes c'est LA comédie française qui m'a donné le plus grand sourire de 2020. C'est simple : en sortant de la salle j'avais envie de danser, de chanter et surtout de recommander à tout le monde d'aller le voir. Aujourd'hui c'est donc ce que je fais par écrit.
Après avoir elle-même effectuée la randonnée, Caroline Vignal a eu un véritable coup de coeur pour la région des Cévennes qui lui ont rappelé ses vacances passées dans le Sud dont elle est originaire. L'animal qui l'accompagnait pendant sa randonnée s'appelait Patrick et c'est ainsi qu'elle a eu l'idée d'écrire une comédie dont le personnage principal était un âne.
Là où la cinéaste relève son pari haut la main c'est qu'elle réussit à filmer quelqu'un qui marche sans ennuyer le spectateur à un seul moment. Tout comme les buddy movies ou les comédies romantiques (deux genres dont elle s'est inspirée), il y a un vrai échange entre le personnage principal et son compagnon de route. Malgré la barrière du langage, c'est comme si on pouvait comprendre l'âne et on s'attache, par conséquent, à lui comme s'il faisait partie de notre famille.
Le plus admirable dans ce film c'est le jeu pluriel de Laure Calamy. Aussi drôle qu'émouvante, on passe par toutes les émotions en regardant cette femme affronter ce voyage à pieds et tout cela dans un paysage formidable!
Comme une bouffée d'air frais (presque littéralement), Antoinette dans les Cévennes est à voir au plus vite. Que votre moral soit en berne ou non, ne passer pas à côté.
Anecdote : Le précédent long métrage de Caroline Vignal, Les Autres filles, est sorti en 2000. Vingt ans ont donc passé entre ce film et Antoinette dans les Cévennes.
29/09/2020 : Blackbird de Roger Michell (2020).
Pour tout vous avouer, j'ai failli ne pas aller voir ce film à cause de son affiche. En effet, je ne sais pas ce que vous en pensez mais, personnellement, je la trouve absolument affreuse (j'ai d'ailleurs cru qu'il s'agissait de Jamie Clayton à droite et non de Kate Winslet).
À mon plus grand étonnement donc, je me suis laissée complètement emportée par cette histoire de famille et j'ai plongé dans ces retrouvailles comme eux, sans savoir vraiment à quoi m'attendre.
Bien qu'il m'est mis dans un état de tristesse évident, j'ai apprécié son contenu de bout en bout et je me devais de vous part de mon avis.
Remake d'un film de Bille August, Blackbird m'a touché par son sujet : le deuil. Il faut dire que c'est un thème dont, je me suis rendue compte grâce à une amie, est au coeur de mon inspiration. Mon premier court-métrage en parlait, le projet sur lequel je travaille actuellement en fait partie intégrante également. Alors, j'ignore si c'est parce que j'ai un tel attrait envers ce sujet que le film m'a touchée néanmoins, je pense qu'il dépeint plutôt bien le comportement et la psychologie de personnes qui se retrouvent face à la mort soudaine d'un être aimé.
D'autre part, j'aime énormément les règlements de compte familiaux. Que ce soit chez des cinéastes comme Bergman ou Dolan (que je vénère), il y a, dans l'affrontement de générations différentes, quelque chose qui m'intrigue, me passionne.
Il y a notamment le lieu où prend place le récit soit une grande maison de bord de mer. Cet isolement crée comme une bulle autour des personnages et le réalisateur nous laisse y entrer en nous en faisant voir les coulisses.
Enfin, ce film est une véritable célébration de la vie et des moments passés avec nos proches et pour cela, je tire mon chapeau parce que c'est beau de réussir à montrer qu'il est possible d'être différents, de ne pas partager les mêmes idées et de, tout de même, trouver le moyen de se respecter et de s'entendre.
Anecdotes :
1. Kate Winslet a été la première actrice à rejoindre Blackbird. La productrice Sherryl Clark a ensuite contacté l’agent de Susan Sarandon : « Nous avons envoyé le script par e-mail, l’avons fait imprimer à New York, et un coursier à vélo l’a apporté à l’appartement de Susan. En quatre heures, elle avait signé ! »
2. Roger Michell a pris la décision inhabituelle de filmer quasiment chronologiquement, ce qui a facilité le travail des acteurs.
Voici donc pour ce nouvel article cinéma! J'espère qu'il vous aura plu comme toujours et vous souhaite un bon week-end.
Dans un jardin qu’on dirait éternel est le premier film de Tatsushi Omori
RépondreSupprimerSelon sa page Wikipédia, c'est son neuvième après... Je ne sais pas, je ne prétends pas être une spécialiste.
Supprimer